TL:DR : Mon mandat de membre du Conseil des Relations Publiques et de Porte-parole du Parti Pirate français prend fin à la fin du mois d’octobre et je ne me représente pas au Conseil des Relations Publiques. Message initialement publié sur le forum du Parti Pirate.
Si vous ne souhaitez qu’une conclusion rapide de mon mandat
Ma conclusion, en quelques mots, de mon mandat au CRP et de mon engagement au PP : si vous donnez trop de vous même, si vous vous engagez trop, cela finira par vous retomber dessus comme cela me retombe aujourd’hui dessus.
Si vous attendez un conseil de ma part
Si j’ai un conseil, et un seul, à vous offrir, le voici : Si vous voulez bosser au PP, faites attention à ne pas laisser ceux qui ne bossent pas décider à votre place de l’emploi de votre temps. C’est à vous, et à vous seul, de choisir comment vous voulez vous engager, de choisir les projets sur lesquels vous souhaitez travailler, ou ne pas travailler, et personne au Parti Pirate ne devrait décider de la façon dont votre temps bénévole et vos compétences devraient être mis à profit.
Si vous pensez à des projets qui vous tiennent à cœur, menez-les, et si, selon d’autres membres, ces projets n’entrent pas dans la temporalité du Parti Pirate, si d’autres personnes ont d’autres projets sur lesquels vous ne souhaitez pas bosser, si ces personnes vous imposent de travailler sur leurs projets et si vous n’en avez pas envie, vous avez le droit, et même le devoir, de refuser.
Il faut savoir dire non. Si vous ne savez pas dire non, apprenez à dire non. Votre temps est bien trop précieux, vos compétences sont bien trop précieuses, pour être dévoyés au service des projets égotiques de quelques personnes.
Si vous estimez que ce que vous souhaitez faire peut aider les idées que vous voulez porter, faites-le, et si vous estimez que des personnes dévoient ces idées pour leur propre profit personnel, c’est que c’est sans doute ce qui est en train de se passer. Vous avez dès lors le choix entre l’ouvrir ou la fermer, mais si vous l’ouvrez, il faudra être prêt à prendre des coups.
Bon courage.
Vous en aurez besoin.
Pourquoi je ne me représente pas ?
Il y a quelques mois, j’ai pris la décision de ne pas solliciter le renouvellement de mon mandat au CRP dont j’ai été membre loyale et active ces 5 dernières années. J’avais décidé de tirer de ces 5 années un bilan afin de vous permettre, d’une part, de prendre conscience du travail que nous avons abattu, et d’autre part, de vous donner toutes les pistes de réflexion qui ont été décidées et appliquées ou envisagées et jamais appliquées, avec leurs effets positifs ou négatifs sur notre parti politique.
Mais les faits récents me poussent à faire autre chose, je me sens contrainte de vous parler de mon vécu au sein du PP, de mes engagements personnels, et de justifier mon travail, mes actes et mes choix auprès de vous. C’est triste, parce que n’importe qui d’autre à ma place qui ne serait pas doté d’un vagin ne serait probablement pas dans ma position, c’est triste parce que j’aurais préféré faire un vrai bilan, exposer des faits et un retour d’expérience, mais j’ai bien peur que parmi les personnes qui m’accusent aujourd’hui de menacer le Parti Pirate et qui cherchent à me clouer au piloris avant même la fin de mon dernier mandat interne, aucune ne comprenne bien ce qu’il se passe, ni les tenants et les aboutissants de cet acharnement contre moi visant, au mieux, à me réduire au silence, au pire à anéantir tout le travail que j’ai fait au sein de notre organisation, et qu’au final tout le monde se branle de savoir ce que j’ai à dire sur mon travail au sein du CRP, sur ce qui a été fait et ce qu’il reste à faire, et de toute façon, au point où j’en suis, vu la situation, vu ce que je suis en train de construire par ailleurs, j’en suis arrivée à me dire que moi aussi, je m’en tape royalement de tout ce que j’ai pu faire.
Pourquoi avais-je choisi de rejoindre le Conseil des Relations Publiques ?
Je voulais être au Conseil des Relations Publiques pour participer à la communication du PP, et aider sur les écrits et les publications générales proposées par les membres, coordonner les réseaux sociaux, la communication, créer des synergies et permettre aux membres de trouver une place pour aider sur la communication de leurs propres propositions.
Le Porte-Parolat, je l’ai subit, et je pense malheureusement que je continuerai à le subir pendant des années après la fin de ce mandat.
J’ai été élue pendant 5 ans au Conseil des Relations Publiques, depuis la création de ce conseil pour lequel j’ai moi-même proposé le champ d’action. Il y a des choses que j’ai bien fait, des choses que j’ai mal fait, des choses que j’ai fait, beaucoup de choses que je n’ai pas eu le temps de faire. Comme vous, je suis bénévole, comme vous j’ai une vie. J’ai eu plus ou moins de temps à consacrer au Parti Pirate, beaucoup plus il y a quelques années quand je me suis engagée, beaucoup moins ces derniers mois pour de multiples raisons, pas seulement personnelles.
Aujourd’hui, je suis très favorables aux propositions de changement dans les prérogatives du Conseil des Relations Publiques effectuées notamment par Aurifex, Odd et Emerodh. Les choses doivent changer pour le meilleur, et il ne faut pas laisser entre les mains de ce conseil davantage de pouvoir qu’il ne devrait en avoir, pour le bien du Parti Pirate, pour le bien de nos idées, pour le bien de votre organisation.
Et à propos de tout ce que je me prends dans la gueule en ce moment…
On m’a fait récemment le reproche de personnifier, d’incarner le Parti Pirate.
Je n’y suis pour rien. J’ai toujours, depuis le début et l’écriture de nos statuts, et jusqu’à la fin de ce mandat, lutté pour éviter de me retrouver dans cette situation.
C’est pour cela que j’ai déclaré, plus tôt ce été, que je ne serai pas candidate pour les européennes 2024. C’est pour cela que j’ai pris de la distance avec le Parti Pirate, que j’ai commencé à réduire mon activité sur les réseaux sociaux il y a plusieurs mois, que j’ai pris du recul sur mon engagement militant, que j’ai choisi de laisser la place aux autres dans les équipages dans lesquels j’étais active, que j’ai moi-même refusé de participer à certains projets pour lesquels j’aurais pu beaucoup apporter grâce à mon expérience.
Je me suis trop engagée, j’ai trop travaillé, j’ai beaucoup trop mis de moi dans le Parti Pirate, il est ce que j’ai toujours souhaité qu’il soit, une organisation autonome qui ne nécessite aucune personnification, qui ne laisse aucune place à une quelconque personnalité qui prendrait la place de chef ou de leader.
Le problème que je rencontre aujourd’hui est malheureusement un problème lié à cet engagement : je suis un leader, je peux continuer de lutter contre cela ou je peux l’accepter, mais pas dans cette organisation.
Oui, vous le savez, vous m’avez pour certains vus à l’œuvre, je suis en capacité d’organiser les travaux pour mener des campagnes politiques, c’est le métier que j’ai exercé pendant presque 10 ans, je l’ai fait professionnellement et bénévolement, chez EELV d’abord j’étais payée pour ça, au Parti Pirate ensuite je l’ai fait gracieusement, et je m’en suis pris plein la gueule pour avoir cette capacité et l’avoir mise à disposition des Pirates, et ce à plusieurs reprises en interne comme en externe, depuis mon adhésion ici.
Oui, vous le savez, je connais chacune des étapes d’une campagne électorale, tous les écueils, tous les travers, tout ce qui doit être fait et à quel moment cela doit être fait. Je sais comment obtenir des fonds, où les chercher et comment les dépenser intelligemment quand on est une petite organisation aux ressources limitées.
Mais c’est probablement parce que je sais déjà tout ça que je n’ai plus envie de faire campagne. C’est comme ça que je fonctionne, j’ai envie d’apprendre, de mettre en pratique ce que j’ai appris, mais une fois que je sais quelque chose et que je l’ai suffisamment pratiqué, je passe à autre chose.
Je fonctionne par cycle, j’apprends, je comprends, j’applique, je passe à la suite.
J’ai appris à faire campagne, j’ai compris comment faire campagne, j’ai fait campagne, je suis passée à la suite.
La suite, pour moi, ce n’est pas de continuer à mener des campagnes perdantes ou de gérer les égos de tout le monde, je l’ai fait trop souvent, je n’en ai plus envie, je n’ai de toute façon jamais souhaité être élue où que ce soit, je ne souhaite pas davantage aider des gens à l’être, je l’ai fait parce que je voulais comprendre les mécanismes à l’œuvre dans le cadre partisan, dans les sphères du pouvoir, au plus haut niveau comme à la base.
Mais maintenant j’ai compris, je vais analyser toutes mes données recueillies depuis 13 ans, je vais continuer à travailler sur le sujet, mais plus de la même manière, aujourd’hui je veux faire autre chose de plus concret, de plus utile, parce que j’en suis convaincue aujourd’hui plus que jamais, même si j’en étais déjà convaincue avant même de commencer à bosser pour EELV en 2010, mener des campagnes électorales, avoir ou ne pas avoir d’élus, faire de la politique dans un parti politique, tout ça ne sert strictement à rien.
La suite, pour moi, c’est d’apprendre autre chose, de comprendre autre chose, d’appliquer autre chose, et de passer à la suite. La vie est beaucoup trop courte pour la consacrer à se battre contre des moulins.
Faire campagne pour le Parti Pirate, ou pour tout autre parti politique, de mon point de vue, après avoir passé 13 ans à le faire, c’est se battre contre des moulins. Mais que voulez-vous, je suis persévérante…
Je vais devoir le répéter parce qu’il y en a quelques un.es ici qui semblent l’ignorer ou l’avoir oublié, je suis une femme politique.
Je suis motivée par l’équité et la justice. Et ce que j’ai toujours défendu et que je continue de défendre, c’est la disparition de toute forme d’incarnation du pouvoir, c’est ce qui m’habite, c’est ce qui motive mon engagement, c’est ce qui m’a menée au PP et c’est ce qui me porte encore aujourd’hui, plus que jamais.
Alors quand j’entends dire que j’ai « pris la grosse tête », que je suis « dans la personnification », que j’ai pris « trop de place », cela me fend le cœur, parce que n’est pas du tout ma volonté, ce n’est pas du tout ce que je souhaite, ça n’a jamais été dans mes intentions, et je fais tout pour que ce ne soit plus le cas. Mais si je peux contrôler mes actes et mes choix, je ne peux pas contrôler ce que les gens pensent de moi et ce qu’ils imaginent, interprètent ou fantasment, alors je veux essayer au moins de m’en défendre, c’est le moins que je puisse faire, et c’est le moins qu’on puisse m’accorder, je pense, après tout ce que j’ai fait.
A propos des européennes 2019
En 2019, j’ai proposé aux Pirates de participer à la campagne des européennes, et je leur ai proposé ma candidature.
En 2019, personne ne voulait participer, et je faisais partie des rares personnes actives au Parti Pirate. Ma candidature se résumait à quelques mots, et j’étais la seule volontaire pour occuper la tête de liste parce que, je le répète, personne ne voulait participer. J’étais la candidate par dépit, et j’ai porté la campagne à bout de bras avec l’aide de quelques Pirates, dont beaucoup sont partis aujourd’hui.
Nous avions tous conscience que la campagne serait difficile, et que nous n’y allions que pour la visibilité, comme tous les autres petits partis politiques. Le jeu électoral français est ainsi fait, et je vous invite à ne pas perdre de vue que quelles que soient les espérances que vous pouvez avoir, tant que les Pirates ne rassembleront pas un trésor très conséquent, et même avec ce trésor en poche, ce sera toujours le cas. En France, il n’y a aucune place pour un parti politique qui n’est pas porté par un leader politique connu et reconnu. Je ne suis pas ce leader. Personne ne pourra l’être parce que cela irait à l’encontre de l’idée même que nous pouvons avoir du Parti Pirate et de la raison pour laquelle la plupart d’entre nous l’avons rejoint, cela irait à l’encontre du fonctionnement que nous avons aujourd’hui, et finalement, j’en arrive au constat que cela va à l’encontre de ce que je souhaite aujourd’hui porter et incarner.
A propos des municipales 2020
En 2020, certains Pirates ont participé à la campagne des municipales avec plus ou moins de succès. Certains ont été élus, notamment à Marseille. De mon côté j’étais salariée sur une campagne, je devais travailler, ce qui a rendu ma participation au Parti Pirate temporairement plus compliquée. J’ai suivi et aidé comme j’ai pu les personnes engagées pour le Parti Pirate dans des campagnes. Mais le Parti Pirate n’a présenté aucune liste qui lui soit propre, nos membres étaient systématiquement engagés dans des listes d’union avec EELV. Je travaillais pour EELV, et j’en étais écœurée. Forcément, cela a beaucoup joué sur mon envie d’aider. J’ai aidé, mais à reculons. Et comme ma mission à Caen a très mal tourné, je me suis concentrée sur ce qui était important pour moi, les idées. J’ai commencé à publier des articles sur mon blog sur Mediapart en septembre 2020.
Ces articles m’ont permis de mettre des mots sur les idées que je souhaitais porter, et ont également permis de donner une image plus sérieuse du Parti Pirate et des personnes qui s’y engageaient. Je ne dis pas que mes articles ont eu un grand impact sur le monde, mais ils ont eu un grand impact sur moi. J’ai compris, en les écrivant, ce que je portais, et pourquoi je le portais.
A propos des départementales 2021
En 2021, comme cela a été remis sur le tapis par une militante sur le serveur Discord du Parti Pirate, je vais raconter ma version des faits.
En 2021, certains membres du Parti Pirate souhaitaient participer aux élections départementales. J’ai annoncé que je ne pourrais pas les aider dans leur campagne pour des multiples raisons.
Ma principale raison, très personnelle, était que je devais rapidement trouver du travail. En effet, j’ai passé plus d’un an au chômage pendant la pandémie, après la campagne que j’ai menée professionnellement en 2020, je n’avais toujours pas trouvé d’emploi au moment où la décision de participer à la campagne des départementales a été prise, et en 2021 j’arrivais en fin de droits, il était devenu urgent que je me trouve une activité professionnelle rémunératrice.
C’est la raison principale qui m’a poussée à annoncer, à titre personnel, qu’il était exclu que je participer, d’une manière ou d’une autre, à cette campagne.
Par ailleurs je savais, par expérience, qu’il n’y avait aucune chance de remporter quoi que ce soit, ni même de faire plus de 5%, score qui permettrait de se faire rembourser les frais de campagne.
Et c’est effectivement ce qui s’est produit.
Pourtant, plusieurs membres du Parti Pirate ont poussé pour que le parti soutienne cette campagne et finance la propagande officielle de certains candidats.
Je savais aussi qu’en forçant le Parti Pirate à participer, certains d’entre nous se retrouveraient forcément submergés, et ça n’a pas loupé. Le problème c’est que c’est moi la première qui en ait souffert.
Anna est venue lors d’une réunion de travail, avec Christophe, pour se plaindre que cela ne se passait pas bien dans leur campagne, beaucoup de tensions et de problème interpersonnels, dont j’ai été témoin, des réunions inutiles et beaucoup de vacarme sans qu’aucune décision ne soit prise, c’était effectivement infernal.
J’ai finalement accepté d’aider, je me suis mouillée, je n’aurais jamais dû.
J’ai finalement décroché un job à la fin du mois de mai 2021, mais plutôt que de participer à des réunions de travail avec mon futur employeur, je me suis retrouvée à participer à des réunions de campagne dans lesquelles les participants se hurlaient tous dessus.
Je me sentais inutile, mais pour une raison qui m’échappe ma présence avait été sollicitée.
J’ai reçu des appels, tard le soir, tôt le matin, de personnes d’autres partis membres du Printemps marseillais, qui me menaçaient si on ne retirait pas nos candidatures, j’ai été menacée par ces personnes d’être grillée dans le monde politique, de ne plus jamais pouvoir travailler dans le domaine dans lequel j’exerçais jusqu’alors, si je ne poussais pas Christophe et ses amis à retirer leur candidature.
À bout de nerfs à cause d’une campagne sur laquelle on m’a forcée à travailler, j’ai également pleuré lorsque Anna s’est mise à pleurer pendant la fameuse réunion lors de laquelle elle se plait à raconter que je l’ai poussée à bout : ce n’était pas moi.
J’ai beaucoup trop souffert lors de cette campagne menée n’importe comment par Christophe, je refuse de revivre cela.
Depuis 2021, malgré les risques professionnels et personnels pris en aidant sur les départementales, j’ai donc quand même réussi à décrocher un job, et cette fois-ci totalement en dehors de la politique, je travaille pour une entreprise dans l’informatique. Je ne travaille plus dans la politique, j’ai mis une partie de mes connaissances à profit dans un autre domaine. Bien sûr, tout ce que j’ai appris sur les élections, le code électoral, mener des campagnes, financer des campagnes et même organiser des événements, tout cela ne me sert plus à rien dans mon métier actuel, mais ces connaissances restent très utiles pour mener les divers projets sur lesquels je souhaite travailler dorénavant, et j’ai par ailleurs un tas d’autres connaissances très utiles que je peux aujourd’hui mettre à profit dans le cadre professionnel, je dois donc bien avouer qu’aujourd’hui, enfin, après des années de souffrance et de maltraitances professionnelles, je m’éclate dans mon travail.
A propos des législatives 2022
En 2022, nous avions eu l’idée de présenter plusieurs candidatures pour la présidentielle, aucune n’a obtenu de signature, et lors des législatives, à cause notamment de mon emploi à temps plein, j’étais déjà beaucoup moins engagée.
J’ai proposé mon nom pour poser ma candidature et être mandataire d’une autre candidate mais même si j’ai déployé l’outil informatique qui a été utilisé pendant cette campagne, même si j’ai préparé le terrain et amorcé tout ce qui devait être fait, je n’ai pas participé à la coordination des candidatures.
J’ai rédigé l’appel à candidatures, que j’ai appelé « La Pelle », un runing gag que j’ai lancé au PP il y a quelques années, qui m’a notamment amenée à offrir une pelle à Laurent Joffrin.
Mais vu le manque de candidatures à l’aube du dépôt des candidatures, il m’a paru flagrant que le financement public allait encore nous échapper.
Après de multiples échanges avec des partis politiques de taille équivalente au notre qui m’ont informée qu’ils avaient signé un accord technique avec Régions et Peuples Solidaires, j’ai finalement poussé le Parti Pirate à signer, au tout dernier moment, par une décision de dernière minute que j’ai dû gérer à la volée, ce même accord pour que nous atteignons, grâce à eux, et pour la première fois de notre histoire, le financement public.
C’est grâce à mon contact avec le leader de R&PS, que je connaissais depuis très longtemps pour avoir travaillé avec lui alors que je travaillais pour EELV pendant les législatives de 2012, que nous allons bientôt toucher une part de ce financement.
Je suis fière d’avoir atteint le but que je m’étais fixé en 2017, je suis fière de me dire que j’ai réussi au moins ça, et je sais aujourd’hui que je n’ai pas réussit seulement cela au sein du Parti Pirate.
En 2022, il y a autre chose qui s’est joué dans ma vie. J’ai acheté un appartement, ce qui a changé l’ordre de mes priorités. Jusqu’à ce moment, je pouvais changer de travail facilement, passer de l’un à l’autre sans m’inquiéter de rien, déménager facilement aussi, mais en achetant un appartement je me suis engagée dans une voie qui implique que je conserve une situation salariale stable et que, dans la mesure du possible, j’améliore ma situation professionnelle, et cela ne peut pas arriver si je consacre tout mon temps libre à un engagement militant bénévole.
Je dois me former, je dois apprendre, je dois aller de l’avant, je dois passer à la suite, et surtout je ne dois plus faire des choses qui ne me servent à rien, et qui, selon moi, ne servent à rien dans l’absolu.
Et je dois bien avouer que je suis arrivée aujourd’hui au constat que l’engagement partisan ne sert à rien. Je vous l’ai déjà dit, j’avais déjà fait ce constat il y a bien longtemps, mais c’était comme si j’avais quelque chose à terminer avant d’embrasser pleinement ce constat, et cette fois-ci, parce que je sens que j’ai terminé ce que j’avais à faire, je peux donc passer à la suite.
Il y a d’autres événements survenus en 2022 qui ont changé mon rapport à ma vie. Certains d’entre vous le savent, en 2022 j’ai perdu un oncle, ma grand-mère et mon grand-père, ils sont morts respectivement en mars, août et novembre, les uns après les autres. Et en septembre de cette même année, c’est l’homme que j’aimais et avec qui j’étais en couple depuis 11 ans qui a choisi de me quitter.
Cette rupture, avec toutes les pertes vécues, ont déclenché des choses chez moi.
J’ai changé d’avis, de posture et de priorités.
Ce que j’ai aussi découvert ces deux dernières années c’est que ces 10 années passées à travailler dans le monde politique ont été 10 années de souffrances, de violences, de harcèlement moral, sexiste et sexuel. Comme le sujet a été abordé par Anna qui m’a donc qualifiée de folle à plusieurs reprises, ou de bourreau dont elle serait la victime, je me sens contrainte de vous avouer que j’ai commencé à voir une psychologue il y a deux ans, et avec elle j’ai entamé un long travail de reconstruction personnelle.
J’ai énormément souffert à de multiples niveaux de mon engagement militant, personnellement et professionnellement. J’ai compris très récemment que mon engagement militant était un moyen, pour moi, de combler un manque affectif qui s’est comblé récemment de manière soudaine mais très agréable.
En d’autres mots, ma psychologue est formelle, malgré tout ce que j’ai vécu l’an dernier, malgré tout ce qui a pu être dit sur moi ici et ailleurs, je vais bien, je vais même très bien, je ne suis ni folle, ni en burn out (cela a été dit par un militant du Parti Pirate dans un espace public, je tiens donc à démentir cette information également), je suis juste une personne exigeante, engagée, avec des convictions et un fort caractère.
Je ne laisse rien passer, et c’est parce que je ne laisse rien passer, parce que je suis exigeante, parce que j’aime quand les choses sont bien faites, que le Parti Pirate est arrivé à un tel niveau d’excellence aujourd’hui.
Mais si j’étais, il y a quelques mois encore, soucieuse de l’image renvoyée par le Parti Pirate, je n’en ai aujourd’hui plus grand chose à faire, j’ai déjà lâché prise sur ce point, et heureusement, parce que mon ancienne moi serait déjà en train de hurler…
En revanche je refuse de lâcher prise sur les propos tenus sur moi par des personnes malveillantes dont l’unique but est de nuire à mon moral ou à mon bilan. Vous ne m’atteindrez pas, je suis déjà loin, mais je dois marquer le coup pour éviter que d’autres que moi se retrouvent à l’avenir à ma place, celle d’une femme forte, engagée, compétente mais clouée au piloris par des personnes au mieux jalouses, au pire malveillantes ou mesquines et dont l’unique objectif est de me détruire, que cela implique ou non la destruction de tout ce que j’ai construit en passant.
Quand les choses deviennent personnelles, c’est là que ça devient particulièrement dangereux. Jusqu’à présent, il n’y avait rien de personnel de mon côté, ce qui m’importait c’était l’organisation, mais j’ai changé, l’organisation a changé, les membres qui la composent ont changé, et mes priorités ont changées.
J’ai donc compris récemment que j’ai, à de nombreuses reprises, au Parti Pirate comme à EELV, été victime de harcèlement moral, sexiste et sexuel, et que ces harcèlements ne cesseront pas tant que je ne les caractériserai pas, tant que je ne porterai pas les affaires en justice.
Le dernier harcèlement en date est survenu depuis juin dernier, de la part d’un membre du CRP, et a été ensuite poursuivi et appuyé par d’autres membres du CRP et du Parti Pirate.
Après avoir demandé, à plusieurs reprises, que ces personnes cessent de s’acharner contre moi, cessent de parler de moi, cessent de m’accabler et de se servir des outils du Parti Pirate pour tenter de publiquement m’humilier, de me pousser à la faute ou de me faire quitter mon mandat, j’ai décidé de porter l’affaire à la connaissance de la justice à travers une main courante que j’ai ensuite remis entre les mains du Conseil de Vie Interne, du Conseil Règlementaire et Statutaire et du Secrétariat de notre organisation.
Comme j’en ai déjà informé ces deux conseils et le Secrétariat, je me réserve le droit d’escalader cette main courante en plainte comme me l’a conseillé l’officier de police auquel j’ai eu à faire au commissariat.
Les faits sont suffisamment graves pour qu’ils restent, une fois encore, impunis, et une fois encore je suis la seule a avoir la capacité de porter l’affaire en justice puisqu’une fois encore je me retrouve la cible d’un harcèlement violent, froid et vindicatif.
Ce n’est pas la première fois qu’on me harcèle, ce ne sera pas la dernière fois, j’en suis consciente, et c’est malheureusement le quotidien des personnes engagées telles que moi, je sais comment me protéger, je l’ai toujours fait avec efficacité et j’ai survécu à tout cela jusqu’à présent, mais aujourd’hui ce n’est pas seulement moi que je veux et dois protéger, c’est aussi tout ce qu’on a construit ici, au Parti Pirate.
Pour ma part, plutôt que de chercher à convaincre, à aider les autres et à faire consensus, je souhaite maintenant porter et défendre mes idées pleinement, sans jamais cacher qui je suis et ce que je fais.
Je n’ai jamais caché qui je suis, parce que je ne savais pas vraiment qui j’étais, mais cette année 2023 s’est avérée révélatrice en bien des points.
Je suis une femme politique, féministe, démocrate, j’ai des idées et je vais continuer à les porter, mais je ne vais plus les porter dans un parti parce que je pense, et j’ai toujours pensée, que Simone Weil avait raison.
Et non, contrairement à ce que j’ai pu me convaincre, le Parti Pirate ne déroge certainement pas à la règle.
Alors d’ici la fin du mois d’octobre, parce que mon mandat prend fin, et sans démissionner prématurément parce que j’avais des affaires à mettre en ordre, je quitte le Conseil des Relations Publiques et je quitte le porte-parolat du Parti Pirate français la tête haute, sans avoir honte de mon mandat, sans avoir honte de tout ce que j’ai apporté. Je suis sereine, et fière du travail accompli, aussi grâce aux Pirates qui m’ont aidée.
Mais en avril prochain, vu la situation dans laquelle mes propres alliés, au sein même du Conseil des Relations Publiques, ont souhaité me mettre aujourd’hui, je ne suis pas sure de payer ma cotisation pour renouveler, pour une septième année, mon adhésion dans notre parti.
Je suis écœurée, je pensais avoir construit un espace de travail sain mais je suis la cible d’une vindicte que je ne comprends pas.
Ma seule explication, la plus rationnelle, compte tenu de tout ce que je viens de vous raconter, c’est qu’on m’en veut de ne pas être le leader dont on a besoin pour sortir de l’ombre dans laquelle le système politique français nous maintiendra toujours, qu’on m’en veut de lâcher prise, qu’on m’en veut de ne plus rien faire pour maintenir et entretenir cette image d’excellence politique que je me suis cassée le cul à construire pour ce parti, qu’on m’en veut parce que beaucoup disent que je bosse et que ces derniers mois je ne bosse plus (alors que si, je bosse toujours, mais plus seulement pour le PP, et je ne suis même pas désolée), qu’on m’en veut d’être la femme politique que je suis et de laisser tomber le parti que je porte avec tant de talent depuis 5 ans, qu’on m’en veut parce que je suis une femme et que, malgré cela, je suis bien plus compétente et j’ai beaucoup plus apporté au Parti Pirate que la plupart des hommes qui l’ont peuplé depuis sa création, qu’on m’en veut parce que je suis une femme, tout simplement.
Et oui, j’ai essuyé pas mal de réflexions misogynes, mansplaining, manterrupting, mises en compétition et autre maninsanité de la part de beaucoup de membres au Parti Pirate aussi, mais dans votre aveuglement vous ne voyez même plus l’éléphant au milieu de la pièce.
Non, je ne travaillerai pas sur les européennes, je vais même vous demander de ne pas mettre mon nom à la fin de votre liste, contrairement à la proposition que j’ai fait au début de l’été.
Je refuse d’être liée, de près ou de loin, à tout ce qui est en train de se produire au Parti Pirate, et je souhaite beaucoup de courage aux personnes qui, après moi, vont devoir gérer les égos de tout le monde, parce que s’il y a quelque chose que je ne sais plus faire, c’est composer avec tous ces égos, et s’il y a quelque chose que je déteste faire, c’est d’être hypocrite, et c’est surtout ça qui m’a joué des tours en politique, mon incapacité à mentir, mon incapacité à laisser faire le pire, mon incapacité à courber l’échine pour faire plaisir à toutes ces personnes dont l’égo a tellement de mal à accepter la critique, quelle que soit cette critique…
Oui, ce que je vois aujourd’hui est médiocre, mais je suis devenue aujourd’hui une simple spectatrice de la médiocrité qui est en train d’atteindre le Parti Pirate parce que je n’ai plus envie de lutter pour pousser notre organisation, votre organisation, vers l’excellence, parce que je n’y crois plus, et parce que j’ai d’autres priorités dans ma vie, et surtout d’autres projets que j’estime tellement plus utiles à notre société…
Si j’avais encore un peu d’attentes de part de cette organisation, j’aurais honte de ce que le Conseil des Relations Publiques fait ou laisse faire aujourd’hui, mais aujourd’hui justement, je n’en ai plus rien à faire, je sais que le temps que j’ai passé au sein du Conseil des Relations Publiques était bénéfique pour notre parti, j’ai fait ce que j’ai pu pour passer le relai, mais il y a une chose dont je suis certaine, c’est qu’il est impossible de passer le relai à des personnes qui refusent d’entendre quoi que ce soit venant de moi sous prétexte qu’ils savent mieux que moi ce que j’ai moi même conçu, porté et défendu toutes ces années.
Et c’est malheureusement pour cela que je quitte le Conseil des Relations Publiques avec aussi ce sentiment d’écœurement, de déception et un peu de tristesse.
Enfin, si ça peut vous rassurer, d’ici quelques semaines toute cette déception, cette tristesse et cet écœurement seront derrière moi, parce que j’ai cette capacité à aller de l’avant que beaucoup de gens n’ont pas, et que finalement, ce ressenti n’est qu’une étape dans le lâcher prise auquel je procède.
Dans mon esprit, j’ai déjà quitté le navire, si je suis restée c’est pour éviter que mon bilan soit remis en question, pour montrer que je tiens le cap malgré tout, qu’après moi il y aura toujours un Parti Pirate et que ce qu’il portera sera, je l’espère pour vous, dans la droite ligne de ce que j’ai porté tout le temps de mon engagement.
Il ne tient qu’à vous de faire en sorte que je n’ai pas fait tout cela pour rien, il ne tient qu’à vous de rester vigilants, de maintenir le cap, de garder à l’esprit qu’au-delà des personnes, au-delà des égos, ce sont les idées que nous portons ici, et ce sont les idées qui sont au cœur de notre engagement, et que personne ne devrait subir son engagement tel que je le subis au quotidien depuis trop longtemps, ici ou ailleurs.
Je ne vous abandonne pas, je sais que vous serez suffisamment forts et malins pour voir au-delà des égos trop importants de certains, et pour tenir le cap de nos idées malgré les petites ambitions personnelles de quelques uns.
Et si jamais ça dégénère, si jamais vous subissez votre engagement, si jamais vous finissez par comprendre et arriver à mon constat, sincèrement, ne réfléchissez pas trop longtemps, il en va de votre bien être, de votre santé, de votre patience et de votre volonté à construire un monde meilleur, alors si jamais à un moment, militer au Parti Pirate devient un sacerdoce, faites comme moi, cassez-vous, il y a tellement d’autres moyens de rendre notre monde meilleur, de faire entendre nos idées et de propager nos valeurs plutôt que de perdre son temps dans un parti politique ou dans toute forme d’organisation qui n’en vaut vraiment pas la peine, avec des gens inintéressants et toxiques, trop aveuglés par le peu de pouvoir qu’ils pensent avoir, et qui boufferont tout votre talent, toute votre patience, toute votre énergie, pour un résultat tellement médiocre et peu satisfaisant…
En attendant, si vous souhaitez suivre de près mes projets, et étant donné que j’ai quitté le serveur Discord du Parti Pirate il y a quelques temps, pour me préserver de la toxicité ambiante et mis mon compte Twitter dans un état de veille partielle pour les mêmes raisons, je vous invite à me retrouver sur mes réseaux sociaux.
Et notamment sur un autre serveur Discord ouvert à toute personne bienveillante et géré par une petite communauté de personnes en qui j’ai toute confiance.
J’ai essayé, c’était cool, on se voit bientôt, ailleurs, pour de nouvelles aventures.
Des bises.